Cet article … un peu différent des autres … est plutôt une réflexion, pour nourrir notre positionnement en tant que parent face à l’alimentation de nos enfants. On peut être souvent inquiet face à nos enfants à table et leurs comportements : mange-t-il trop/assez ? Mange-t-il assez équilibré et diversifié ? Va-t-il manger ce que j’ai préparé ce soir ? Je sais que, personnellement, j’ai comme un élan instinctif d’inquiétude qui me fait sur-réagir, les soirs où mes filles mangent peu et rejettent ce que j’ai préparé (ce qui arrive assez souvent en ce moment 😞). J’essaye de le canaliser et le rationaliser petit à petit …
C’est pourquoi la lecture de cet article de Jo Comarck (en anglais) m’a interpellé. Elle est conseillère en alimentation, spécialisée dans les enfants difficiles à table. Son exemple est celui de Lisa, une petite fille anxieuse avec de fortes difficultés face à l’alimentation. C’est donc particulièrement indiqué, si vos enfants sont très difficiles à table, mais je pense que c’est intéressant à garder en tête pour tout parent. Les éléments que je vous présente en italique ci-dessous sont adaptés de son article.
La situation :
Un jour, Lisa ose s’aventurer hors de sa zone de confort et goûter un aliment qu’elle ne connaît pas, par exemple, une tranche de concombre. Son parent est tellement content de pouvoir rajouter un nouvel aliment à la liste de ce que son enfant aime. Il lui dit : « ah, tu aimes le concombre ?! ». Et là, Lisa répond : « non ! » (et ce n’est pas pour l’embêter !).
Qu’est-ce que nous pouvons avoir en tête en tant que parents ?
On espère tellement que notre enfant mange varié et suffisamment tout en ayant du plaisir à manger évidemment, que les repas soient moins stressant pour toute la famille … Alors, le « est-ce que tu aimes ? » porte toute cette joie et cet espoir, non ? C’est aussi un moyen pour nous d’encourager notre enfant à sortir de sa zone de confort et essayer de nouvelles choses. C’est un moyen de valider un essai, pour pouvoir le rajouter à la liste des aliments appréciés.
Qu’est-ce que notre enfant peut avoir en tête ?
Pour notre enfant, ce « non » peut vouloir dire : « je ne sais pas si j’aime le concombre, c’est très nouveau pour moi. Peut-être que demain, je ne l’aimerai plus. »
Cela peut également signifier : « je ne suis pas sûr de ce qu’aimer veut dire. J’aime les aliments que je connais. Là, c’est très nouveau et un peu étrange, je ne sais pas encore. »
Cela peut-être aussi : « arrête de me regarder ! J’ai juste envie d’explorer sans être le centre de l’attention. »
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« Est-ce que tu aimes ? », une question à éviter ?
C’est une question fermée
On ne peut répondre que oui ou non. Alors que les apprentissages se déroulent plutôt dans une zone brumeuse « grise» où rien n’est encore tranché, là, cela demande à nos enfants de passer en noir ou blanc. Cela demande une affirmation que les enfants ne peuvent pas encore avoir dans une phase de découverte.
C’est une question compréhensible et normale
En tant que parents, on souhaite vraiment que notre enfant apprécie cette nourriture. C’est aussi une part de notre culture et une question d’habitude : on liste et on parle de ce que notre enfant aime ou n’aime pas, de ce que nous aimons ou pas.
Comment échanger avec notre enfant, sans fermer les portes ?
Être descriptif en se centrant sur les sens
Il s’agit d’être plus descriptif dans les sensations ressenties : « c’est froid, croquant et humide dans ma bouche » par exemple. Je fais le parallèle avec encourager un enfant en parentalité positive. On évite de dire « ton dessin est beau » (ce qui est très subjectif et met l’enfant en position d’attendre un jugement positif de votre part sans le faire pour lui-même). Mais on cherche plutôt à décrire le dessin pour montrer l’attention qu’on porte à ce qu’a fait notre enfant, au-delà du résultat. C’est un peu pareil avec l’alimentation et le goût selon moi : on cherche à décrire avant tout les sensations, plutôt qu’à dire j’aime/je n’aime pas. Si notre enfant répond « cela a un goût bizarre », résistons à la tentation de répondre « mais non, c’est super bon ! ». Seulement essayer de refléter et reformuler son ressenti : « ce concombre a un goût étrange pour toi ! ». Si vous souhaitez développer cette approche par les sens, vous trouverez ici mon activité sur les devinettes du goût.
Ne pas faire de notre enfant le centre de l’attention
Cela met beaucoup de pression, si on regarde avec insistance notre enfant … et peut provoquer automatiquement un rejet immédiat. Laissons-le faire ses essais tranquilles !
Cela peut-être difficile à faire pour nous, car à la fois cela demande de mettre de côté notre élan instinctif et d’agir d’une façon qui ne nous parait pas naturelle. Mais laissons simplement nos enfants explorés -sans pression- l’alimentation … cela les mènera peut-être à de nouvelles découvertes et à accepter de nouveaux aliments, quand ils y seront prêts ! Ce qui est bien ce que nous souhaitons finalement, non ?
Petit mémo pour la suite :
Comme dit en intro, c’est un élément de réflexion que je porte à votre connaissance. Je ne le pratique pas encore moi-même, mais cet article m’a justement interrogé sur mon comportement à table avec mes filles. Je compte bien essayer de tester un peu plus cette approche. Voici mon petit mémo intérieur :
- À tester dans les phases de découverte de nouveaux aliments (pour les enfants ne présentant pas de difficultés particulières avec l’alimentation).
- Laisser dire spontanément « j’aime« , quand l’enfant souhaite affirmer son choix et son goût.
- Expliquer l’évolution du goût : « je n’aimais pas tel aliment, j’ai continué à goûter et un jour j’ai aimé« . Le goût n’a rien de définitif, il évolue avec le temps.
- Se rappeler également que les enfants ont une phase de néophobie alimentaire absolument normale (cf. mon article sur le sujet ici).
Et vous, que pensez-vous de ces propos ? Qu’est-ce que cela vous évoque ? N’hésitez pas à réagir dans les commentaires ci-dessous, je serai ravie d’avoir votre avis.
Ce n’est pas facile d’être parents dans plein de domaine, et à table en particulier ! Créativité et lacher-prise sont deux ingrédients que j’utilise au moment des repas pour donner envie mais sans cristalliser les relations.
Merci pour ton article qui met en lumière le pouvoir des mots dit à table
Merci Marie de ton petit mot. Ah, le lâcher-prise, qu’est-ce que c’est dur avec nos enfants 😉
Merci pour cet article !
C’est vrai qu’on peut facilement mal interpréter ce que nos enfants nous disent !
Avec toute ma connaissance dans le domaine de l’alimentation, je dois souvent prendre sur moi pour lâcher-prise et accepter que mes enfants n’apprécient pas tel ou tel aliment 😉
A bientôt !
Merci Nathalie pour ton commentaire. Effectivement, ce n’est pas facile d’accepter que les enfants n’aiment pas ce qu’on a préparé (et mis quelques fois beaucoup de temps à cuisiner !).