Avant 2 ans, le comportement est généralement simple : l’enfant va la plupart du temps manger de tout. Par contre, de 2 à 6 ans, les choses se compliquent ! Et ce n’est pas pour nous embêter (même si ça peut beau-coup nous agacer après avoir passé du temps en cuisine !). En effet, différents phénomènes apparaissent et ils touchent la quasi-totalité des enfants, avec une force variable. Donc pas d’inquiétude, c’est tout simplement une étape de leur développement, au même titre que la marche ou l’opposition des deux ans !
Le développement naturel de l'enfant permet de comprendre le rejet des légumes
Venez découvrir dans cette vidéo les 4 raisons, qui permettent de comprendre (enfin) pourquoi les enfants n’aiment pas les légumes (… et ce n’est pas pour nous embêter).
Vous retrouverez dans l’article en dessous la synthèse de la vidéo et encore plus d’astuces pour passer sereinement cette période … et faire enfin aimer les légumes aux enfants !
Raison n°1 : la "néophobie alimentaire", la peur de goûter ce qui est nouveau
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas le rejet de ce qui est nouveau en soi (comme un fruit exotique qu’on n’a jamais goûté). Mais c’est le refus de goûter ce qui n’est pas reconnu. Cela est lié à la capacité très limitée des enfants à tolérer différents modes de présentation, pour un même ingrédient. Par exemple une carotte entière, c’est la même chose que des carottes râpées, qu’une purée de carottes ou qu’une poêlée de carottes. L’enfant ne le sait tout simplement pas au début.
Pour être capable d’identifier un aliment, il faut avoir un système conceptuel mature. Cela n’est pas encore le cas à cet âge ! Alors, comment l’aider ?
👉 L’exposer aux légumes sous différentes formes et à ses différentes étapes de transformation (et pas qu’au moment du repas, où il peut y avoir un peu de tension) :
- Cueillir lui-même les légumes dans le potager ou à la cueillette à la ferme.
- Choisir les légumes au marché/au magasin.
- Apprendre le cycle du légume, depuis la graine (comme avec cette activité autour des petits pois).
- Participer à cuisiner le légume : le laver, l'éplucher, choisir et faire la recette avec vous ... Vous savez que c'est mon dada, cuisiner avec les enfants : vous pouvez retrouver toutes les activités là.
Raison n°2 : la "sélectivité alimentaire", l'enfant n'aime pas les mélanges
Lorsque l’enfant fait le tri dans son assiette, il ne supporte pas le contact entre les aliments (comme par exemple dans une poêlée) ou entre un aliment et une sauce. Il va tout rejeter alors qu’il aurait peut-être mangé sinon : il y a une « contamination perçue » entre un aliment aimé et rejeté.
Dans cette situation, le mieux il me semble est de s’adapter à l’enfant :
- Présenter séparément les sauces, que chacun rajoute dans son assiette à sa convenance.
- Mettre de côté pour l'enfant dans des contenants séparés, avant de faire la poêlée ou le wok par exemple.
- Composer un repas, avec des ingrédients simples présentés séparément et quelques sauces et/ou condiments pour relever le tout, comme pour cette salade composée.
Raison n°3 : la construction du goût, apprendre à aimer les légumes
À cela se rajoute la construction du goût, qui est un apprentissage, comme la marche et la parole? Notre premier goût est le sucré, un goût inné qui nous vient du lait maternel. On apprend ensuite petit à petit à apprécier d’autres goûts …
Persévérer
C’est en s’exposant de manière répétée qu’on va apprendre à apprécier de nouvelles saveurs. Il faudrait entre 12 à 15 présentations d’un même aliment ! Cela demande beaucoup de persévérance en tant que parents 😅 Donc, n’hésitons pas à continuer à proposer des légumes, sous différentes formes … cela va finir par porter ses fruits !
Donner l'exemple
En vous voyant manger et apprécier un aliment, cela rassurera votre enfant et lui donnera un jour l’envie et la curiosité de goûter.
Jouer avec la nourriture
Oui, oui, vous avez bien lu ! Et si on sortait du contexte quelquefois tendu du repas pour jouer avec les légumes ? Une manière de les découvrir en s’amusant … pour un jour les aimer ! Pour cela, j’organise régulièrement différentes activités :
Raison n°4 : comprendre les besoins des enfants en pleine croissance
J’observe régulièrement que quand je compose une assiette avec de la viande, des féculents et des légumes, les deux premiers sont mangés en premier et les légumes sont mangés en dernier voir pas du tout ! Alors … pourquoi ?
Du fait de leur croissance très forte, particulièrement quand ils sont petits, nos enfants vont naturellement privilégier les aliments les plus énergétiques, les plus riches en calories (la viande, les céréales, les aliments sucrés et gras). La couleur verte par exemple va être associée à un aliment peu énergétique (un réflexe archaïque provenant de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs). Oui, sauf qu’ils ont aussi absolument de fruits et de légumes, moins énergétiques, mais très riches en micro-nutriments !
👉 Mon astuce : servir les légumes en premier, le plus souvent sous forme de crudités (c’est sous cette forme que mes enfants préfèrent les légumes). J’assure ainsi la ration de légumes et tant pis après s’ils ne mangent que les féculents ou la viande.
Observer le comportement de nos enfants : qu'est-ce qu'ils n'aiment pas exactement dans les légumes ?
Je vous conseille d’observer finement ce que n’aime pas précisément votre enfant par rapport à un aliment, cela vous aidera à ajuster. Voici différentes situations, où ce n’est pas la même chose qui va entrainer le rejet chez l’enfant :
- LA TEXTURE. Par exemple, des légumes feuilles cuits entiers, comme des épinards en poêlée ou avec une béchamel : ma petite miss rejetée cela, car elle n’aimait pas la sensation en bouche des feuilles d’épinards agglutinées. Un coup de mixeur est la situation est nettement améliorée !
- L’ASPECT. Ma petite miss est en pleine période de sélectivité alimentaire. Elle va manger plus facilement les aliments bruts, comme des bâtonnets de carottes par exemple, que des carottes cuisinées.
- LA FAIM. J’observe souvent qu’un même aliment est boudé par exemple le soir, où mes miss ont moins faim, alors qu’un mercredi midi en rentrant de l’école, elles vont le manger très facilement.
Observer l'évolution du goût de nos enfants
Un autre élément qui peut aider la construction du goût chez les enfants, c’est leur faire observer que le goût change et n’est pas quelque chose de figer !
Raconter des histoires
Pour cela, je n’hésite pas à raconter tel aliment que je n’aimais pas enfant et que j’aime maintenant. Cela aidera l’enfant à intégrer que son goût n’est pas figé et va évoluer avec le temps.
Observer l'évolution de ses enfants (oui, ça ne dure pas toujours !)
J’ai vu clairement les différentes étapes de construction du goût chez mes deux filles lorsque j’ai fait cet automne un atelier de découverte des légumes de saison :
👉 Ma grande de 6 ans commence à élargir son répertoire alimentaire, après quelques années plus difficiles. Elle a quasiment tout goûté, en appréciant particulièrement l’endive crue, qu’elle a mangé presque entièrement. Elle est plutôt « bec salé » et apprécie les goûts amers et acides. Avec elle, on a développé plus le vocabulaire pour décrire et on commence à tester les associations d’aliments.
👉 Ma petite de 3 ans est très « bec sucré » et dans la période de néophobie alimentaire. Elle n’a pas tout voulu goûter et a apprécié uniquement les saveurs sucrées et les textures fondantes des patates douces (elle a quasiment mangé tout le pot !), potimarron, courge butternut. Pour elle, il est déjà important de la familiariser visuellement aux légumes, de les toucher, d’apprendre à les reconnaître, de les goûter … même si elle mettra du temps à les apprécier gustativement.
Ces éléments de connaissances aident, en tant que parents, à comprendre notre enfant et à relativiser, quand il refuse de manger je trouve. Est-ce que ces éléments vous parlent ? Où en est votre enfant dans la construction du goût ?
NB : les éléments sur la néophobie et la sélectivité alimentaire sont issus de l’interview de Jérémie Lafraire, chargé de recherche en sciences cognitives au Centre de recherche Institut Paul Bocuse, interview publiée dans le livre « Grands apprentissages Montessori pour petites mains » d’Audrez Zucchi, aux Editions Marabout.
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Super article qui permet de relativiser. Mon fils de 6 ans effectivement ne supporte pas quand on mélange les aliments et peut refuser de manger ses pâtes qu’il adore si ça à été effleuré par un aliment qu’il n’aime pas. J’applique déjà pas mal de vos astuces mais je vais reprendre l’idée de l’atelier découverte des légumes d’automne qui à l’air super pour éveiller la curiosité. Merci
Merci Cécile pour ton commentaire ! Effectivement, pouvoir relativiser le comportement de nos enfants, c’est exactement ce que je me suis dit quand j’ai découvert ces différentes raisons … alors, je suis contente si cela peut vous aider au quotidien !
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